NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION

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PAROISSE de BOUGIVAL


Un peu de théologie avec le Cardinal Journet au sujet des Douleurs de Notre Dame

Publié par Paroisse Bougival sur 13 Septembre 2020, 17:29pm

Catégories : #Enseignement

Un peu de théologie avec le Cardinal Journet au sujet des Douleurs de Notre Dame

Sur la ressemblance et la différence des souffrances rédemptrices en Jésus et en Marie.

On pourrait faire remarquer tout d'abord que les souffrances de Jésus ne pouvaient augmenter la grâce dans son âme, tandis que les souffrances de la Vierge lui méritaient l'élévation progressive de son amour. Mais montrons surtout que les souffrances de Jésus et celles de Marie ne sont pas rédemptrices au même titre.

Les souffrances de Jésus étaient les souffrances de Celui que Dieu avait constitué chef unique de toute l'humanité. Elles étaient de ce fait rédemptrices premièrement et par elles-mêmes. En outre, en raison de la dignité infinie de la personne de Jésus, elles avaient une valeur infinie ; elles étaient rédemptrices en toute rigueur de justice et constituaient une compensation surabondante pour les péchés de tous les hommes de tous les temps.

Les souffrances de la Vierge n'ont, cela va de soi, qu'une valeur finie. De plus, toute leur vertu rédemptrice leur vient des souffrances de Jésus. Elles ne sont rédemptrices que secondairement et par participation.

Jésus, en effet, a tellement aimé la Vierge, il l'a rendue tellement semblable à lui, qu'il a voulu communiquer à ses souffrances maternelles quelque chose de la dignité de ses propres souffrances : il a voulu qu'elles fussent mêlées aux siennes et comptées avec les siennes pour compenser l'iniquité de tous les hommes.

Dieu agit, d'une façon pareille, bien qu'à un moindre degré, à l’égard de très grands saints à qui il demande de souffrir pour les péchés d'autrui : saint Paul se disait plein de joie au milieu des souffrances qu 'il endurait pour les Colossiens, et il achevait ainsi en sa propre chair, selon ses paroles mystérieuses, « ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l'Eglise » (Colossiens 1, 24).

La Compassion de la Vierge s'unit ainsi à la Passion du Christ pour réparer les péchés du monde entier.

Ce n'est pas tout. La Compassion de la Vierge s’unit à la Passion du Christ pour mériter le salut du monde entier.

Rappelons ce qu'est le mérite.

Quand l'homme, agissant librement sous la motion divine, joint le but auquel Dieu, par pure bonté, l'avait ordonné, on dit qu'il y a mérite. Alors si l'on regarde à la motion divine qui proportionne l'homme au but, le mérite est appelé mérite de condignité ; et si l'on regarde au consentement du libre arbitre mû par la grâce, l'on jugera convenable que Dieu accorde ses faveurs à l'homme qui accepte la motion divine : voilà le mérite de convenance, fondé sur la libéralité et l'amitiés.

En conséquence, lorsqu'un homme, sous la motion de la grâce, souffre pour la justice, il devient, si l'on regarde à la motion de la grâce, digne de joindre le salut éternel ; et, si l'on regarde au consentement du libre arbitre, il est convenable que Dieu, par une condescendance de l'amitié, lui accorde en outre ses justes désirs, par exemple la conversion d'êtres aimés, si pourtant ces derniers n'opposent pas de résistance à la grâce divine.

Disons pareillement que lorsque la Vierge Marie, sous l'impulsion de l'amour, souffrait près du Christ, elle devenait, si l'on regarde à l'impulsion venue du ciel, digne de joindre elle-même le salut du ciel ; et si l'on regarde au consentement de son libre arbitre, il était en outre convenable que Dieu, par libéralité, lui accordât son plus profond désir, qui était le désir même de son Fils, à savoir le salut du monde. La Vierge méritait donc, à la fois, de condigno (en justice) son propre salut, et de congruo (par convenance) le salut du monde. Il est exact qu'elle ait travaillé à nous mériter en ce sens la grâce de la rédemption.

Pourtant, c'est d'une manière bien supérieure que le Christ a mérité pour nous. Il était constitué tête du grand corps que forme le genre humain. Tout ce qu'il faisait sous l'impulsion permanente de l'amour le rendait digne d'obtenir, en justice, le salut pour tous ceux qui sont appelés à devenir les membres de son corps c'est-à-dire pour tous les hommes. II nous a donc mérité la vie éternelle non pas simplement en vertu d'un mérite de convenance, mais en vertu d'un mérite de condignité : il suffira, pour que ce mérite nous soit appliqué, que nous ne résistions pas à la grâce que Dieu nous envoie en vue de nous incorporer au Christ. Le Christ seul nous a ainsi mérité de condigno la grâce rédemptrice.

On comprend dès lors en quel sens le nom de Rédempteur convient à Jésus, et celui de Corédemptrice à Marie.

Ce beau titre de Corédemptrice, et celui de Médiatrice de toutes les grâces qui en découle, lui ont été donnés par les plus récents des Souverains Pontifes. Le 2 février 1904, Pie X écrit, dans l'encyclique Ad diem : « En vertu de la communion de douleurs et de volonté qui l'attachait au Christ, Marie a mérité de devenir la très digne Réparatrice du monde perdu, et en conséquence la Dispensatrice de toutes les grâces que Jésus nous a acquises par sa mort sanglante ... Parce qu'elle dépasse toutes les autres créatures par sa sainteté et par son union au Christ, et parce qu'elle a été invitée par le Christ à participer à l'œuvre de notre salut, elle nous mérite par convenance (de congruo), comme on dit, ce que le Christ nous a mérité en justice (de condigno), et elle est la première intendante dans la dispensation des grâces.»

Benoît XV écrit de même, en date du 22 mars 1918 : « Lorsque son Fils souffrait et mourait, elle a souffert et elle est morte pour ainsi dire avec lui, renonçant alors, pour sauver les hommes et apaiser la justice de Dieu, aux droits maternels qu'elle avait sur son Fils, et immolant son Fils pour autant qu'il était en elle, en sorte qu'on peut dire à bon droit qu'elle a, avec le Christ, racheté le genre humain.»

Et Pie XI, en date du 2 février 1923 : « La Vierge de douleurs a participé avec le Christ à l'œuvre de la Rédemption.»

Le consentement que la Vierge donnait au mystère de la Croix était déjà précontenu dans le Fiat qu'elle dit à l' Ange.

Parlant de cette très libre acceptation, Léon XIII reprend la grande parole de saint Thomas d'Aquin suivant laquelle, à l’instant de l’Annonciation, Dieu attendait de la Vierge le consentement de l’humanité tout entière, et il ajoute qu'en conséquence rien de cet immense trésor de grâce et de vérité, que le Seigneur nous a apporté, ne nous est communiqué sinon par Marie. Il l'appelle notre Médiatrice auprès du Médiateur.

On le voit, le mystère de la Rédemption est dans l'Eglise comme un grand arbre doctrinal qui continue de fleurir.

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