Comment éviter le purgatoire ?[1]
Si nous étions moins oublieux de la pression d’amour que Dieu exerce sur nous, je pense que nous ne nous poserions pas cette question. Mais voilà, il faut bien reconnaître que dans nos vies, tout n’est pas parfait. Même si notre choix fondamental est de suivre le Seigneur, il peut y avoir de la poussière qui recouvre ce choix.
Accueillir la miséricorde
Ste Thérèse de Lisieux qui voulait absolument aller au Ciel en direct, a découvert une nouvelle manière d’éviter le purgatoire : Afin de pouvoir contempler ta gloire il faut, je le sais, passer par le feu (1Co 3,13-15) Et moi je choisis pour mon purgatoire. Ton Amour brûlant ô Cœur de mon Dieu ! Mon âme exilée quittant cette vie voudrait faire un acte de pur amour et puis s’envolant au Ciel sa Patrie entrer dans ton Cœur sans aucun détour.
Autrement dit, chaque fois qu’elle se découvrait en faute (impatience, inattention, distraction, etc.), elle se présentait humblement à Dieu, lui demandant de brûler ces fautes par sa Miséricorde. Cette pratique exige une attention constante à soi-même et à la Miséricorde divine.
lle nécessite aussi un effort étonnant sur lequel elle revient plusieurs fois dans ses écrits : Ne pas se justifier. Or si nous regardons le cours de nos pensées, nous nous apercevons que nous pouvons passer bien des heures chaque jour, à nous justifier intérieurement (puis extérieurement parfois) devant nous-mêmes ou devant un interlocuteur imaginé. Si je me justifie, je ne me considère pas en faute, je n’ai pas besoin de miséricorde, je ne demande que la justice. Si au contraire, je me reconnais pécheur, et qu’humblement je demande pardon, alors j’ouvre mon cœur à la grâce (gratuite !) de la miséricorde.
Dans cette optique, le bon larron est un exemple particulièrement éclairant. Sur la croix, il ne se justifie pas, au contraire, il reconnaît qu’il a ce qu’il mérite. Il est condamné à mort par crucifixion, et il estime que c’est juste ! Son passé devait être vraiment lourd ! Pourtant, avec une foi étonnante, il s’ouvre à la miséricorde divine en demandant à Jésus : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi » (Luc 23,42). Il ne compte absolument pas sur la moindre de ses œuvres, il attend le don gratuit du salut. Et Jésus, voyant l’intensité de son humble amour, lui répond : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Peut-être devrions-nous nous entraîner à ne pas nous justifier ?
Confession fréquente
Chaque confession est comme une anticipation de notre propre jugement particulier. Nous y sommes jugés selon une sentence de miséricorde. Nos péchés y sont réellement pardonnés par Dieu, et la pénitence donnée par le prêtre contribue puissamment à notre purification. Il est important de la faire avec ferveur sinon quelle réparation offrons-nous ?
La grâce d’une bonne mort
Pour échapper au purgatoire, il ne faut pas sous-estimer la grâce du moment de la mort. Cessons de voir Dieu comme un personnage froid et justicier. Il nous est répété bien souvent dans l’Évangile, qu’il est bon, qu’il est un Père plein de tendresse, qu’il prend plaisir à faire grâce. Ainsi au moment de la mort de chacun de ses enfants, il est sûr et certain qu’il déploie « tous ses charmes » pour attirer vers lui l’âme du mourant. Bien des aumôniers d’hôpitaux ou des prêtres chargés d’accompagner des mourants ont pu être témoins des prodiges de la grâce dans les dernières heures et les dernières minutes de la vie.
Nous n’avons aucune envie de passer par le purgatoire ! Dieu encore moins que nous ! Il a un immense désir de nous accueillir chez lui, dans sa demeure de gloire, pour jouir de nous, car il nous aime. Il est donc sûr qu’il prépare l’âme à la rencontre avec lui. Il tente de susciter en celui qui va mourir, les mêmes dispositions étonnantes que celles du bon larron : humble reconnaissance du péché, et remise de soi au sauveur, à l’heure même du dépouillement suprême. Pouvoir nous donner complètement, sans le moindre égoïsme, est une grâce de Dieu. Pourquoi ne la proposerait-il pas à chacun de ses enfants au moment le plus important de sa vie ?
À longueur de vie, nous demandons avec insistance à la Vierge Marie de prier pour nous « à l’heure de notre mort », il est bien évident qu’elle le fait. Elle entoure les mourants de son affection et de sa prière maternelles. Elle prépare l’âme au grand passage, comme, je l’imagine, une maman annonce comme elle peut à son enfant encore dans son ventre qu’il va bientôt naître.
Depuis toujours, les chrétiens prient pour obtenir la grâce d’une bonne mort, avec notamment, la possibilité de recevoir le sacrement de réconciliation juste avant ainsi que l’indulgence plénière à l’heure de la mort (cf. suite). Il est aussi important que les proches entourent le mourant par leur prière et leur affection.
[1] Article publié par un moine bénédictin de l’abbaye ND de Maylis dans les Landes.
La purification finale ou Purgatoire
Catéchisme de l’Église Catholique
Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel.
L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence et de Trente. La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes de l’Écriture (par exemple 1 Co 3, 15 ; 1 P 1, 7), parle d’un feu purificateur : Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (S. Grégoire le Grand).
Cet enseignement s’appuie aussi sur la pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte Écriture : " Voilà pourquoi il (Judas Maccabée) fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché " (2 M 12, 46).
Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique, afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts : Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux (S. Jean Chrysostome).