(Méditation au long des 7 dimanches qui précèdent la fête du 19/03)
Après leur départ, voici qu'un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil, et lui dit : « Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu'à ce que je t’avertisse ; car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » Joseph se leva et la nuit même, prenant l'enfant et sa mère, se retira en Égypte. Et il y resta jusqu'à la mort d'Hérode afin que s'accomplît ce qu'avait dit le Seigneur par le Prophète : J'ai rappelé mon fils d'Égypte.
Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les Mages, entra dans une grande colère, et envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans les environs, depuis l'âge de deux ans et au-dessous, d'après la date qu'il s'était fait préciser par les Mages. Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Jérémie : Une voix a été entendue à Rama, des plaintes et de grandes lamentations : Rachel pleure ses enfants ; et elle n'a pas voulu être consolée, parce qu'ils ne sont plus.
Très prudent gardien du Fils de Dieu fait homme, glorieux saint Joseph, grande fut ta souffrance pour servir le Fils du Dieu, particulièrement pendant la fuite en Égypte, mais combien grande fut aussi ta joie d'avoir toujours près de toi le Fils de Dieu !
Par cette douleur et cette joie, obtiens-nous de rejeter loin de nous le démon, en fuyant les occasions dangereuses ; fais-en sorte que nous méritions de briser toutes les idoles des affections terrestres et qu'entièrement consacrés au service de Jésus et de Marie nous ne vivions plus que pour eux. Pater, Ave, Gloria.
V/ Prie pour nous, saint Joseph. R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prière : Ô Dieu, qui, dans ta Providence ineffable, as choisi le bienheureux Joseph pour époux de ta sainte Mère, fais que nous méritions d'avoir pour intercesseur dans le ciel celui que nous vénérons sur la terre comme notre protecteur. Nous t'en supplions, Seigneur, qui vis dans les siècles des siècles. Amen.
Considérations de Mgr Joseph Martin (évêque de Rouen en 1954)
En St Joseph obéit aux anges. Il obéit aux hommes, du moins à ceux qui sont accrédités pour parler de la part de Dieu et il nous donne ainsi un grand exemple de respect de l'Autorité.
Son obéissance est rapide. Il part en pleine nuit, aussitôt qu'il le faut. Il ne se fait pas répéter l'ordre deux fois. Puisque Dieu veut qu'il en soit ainsi, cela suffit.
Il met de la docilité à obéir, ce qui rend l'ordre plus aisé et plus agréable pour celui qui commande et l'exécution plus douce pour celui qui obéit. Il aurait pu faire valoir, au moment du recensement, les difficultés du voyage pour Marie et arguer de la situation de son épouse pour essayer de s'en dispenser, mais il nous donne au contraire l'exemple de la bonne volonté.
Il n'attend pas d'avoir compris les raisons de ce qu'on lui commande pour obéir. S'il avait été raisonneur, que d'explications il aurait pu demander à l'Ange qui lui portait l'ordre du départ en Égypte à la veille du massacre des Innocents !
Mais l'ordre venu d'en-haut lui suffit, car le fondement de l'obéissance est dans l'autorité de celui qui commande, et non pas dans l'approbation, par le subordonné, des raisons qui motivent les ordres.
Sa profonde conviction que l'autorité vient de Dieu lui donne à lui-même l'assurance dont il avait besoin comme chef de la ste famille. Il était bien inférieur à Jésus et à Marie, et pourtant c'est à lui que l'Ange s’adresse : c'est par lui que Dieu fait passer ses ordres. Sachant que son autorité ne vient pas de lui-même mais de Dieu, Joseph commande et leur confiance n'est jamais trompée.
Cette leçon du respect de l'autorité, toujours bonne, n'est-elle pas spécialement actuelle de nos jours ? Ah ! si nous savions entendre la voix de Dieu dans la voix de ceux qui commandent, que de désordres évités et que de malheurs épargnés ! Nous demandons à st Joseph pour nos contemporains et pour nous la grâce d'une vue claire de la notion d'Autorité et celle de la docilité. (Ndlr : Dans le cadre de ce qui est moralement acceptable… Cf. : « Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile » [Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2242.])
Nous trouvons aussi dans la vie de st Joseph une leçon de confiance et de foi. Qui donc n'a remarqué dans l'Évangile que l'ange avait trouvé st Joseph endormi toutes les fois qu'il était venu à lui ? Tant de gens s'inquiètent dans la vie ! Le bon st Joseph, lui, dormait tranquillement, du sommeil du juste, comme l'on dit ! St Paul devait recommander plus tard aux chrétiens de ne se préoccuper outre mesure de rien : Nihil solliciti sitis (Phil 4, 6). Sous l'inspiration du St Esprit, Joseph avait, avant l'heure, compris et pratiqué ce conseil. Son sommeil n'était pas celui du lâche ou de l'indifférent qui s'endort égoïstement dans l'insouciance de tout, mais il était celui de l'homme de foi qui sait qu'à chaque jour suffisent sa grâce et sa peine, que rien n'arrive que Dieu n'ait voulu ou permis et que Dieu ne veut ou ne permet rien, en fin de compte, que pour notre plus grand bien.
Mes frères, dans notre monde bouleversé où les hommes s'inquiètent et s'agitent comme si tout dépendait d'eux, que la leçon de calme et d'abandon de st Joseph est bonne, bienfaisante et, somme toute, reposante à méditer ! Si les hommes avaient plus de foi, il y aurait sur terre moins de trouble, plus de paix et de sérénité. Nous prierons pour que la paix de Dieu gagne sur terre - et tout d'abord en nous - et, par nous, autour de nous - par l'augmentation de la foi.
Il sera bon de relever encore et de méditer la leçon de silence que nous donne st Joseph. Aucun mot n'est rapporté de lui dans l'Évangile ! Ce n'est pas à dire qu'il ne parlât point. Il aurait été un triste compagnon pour la Ste Vierge s'il n'avait jamais rien dit ! Mais juste en toute chose, il n'était pas bavard, il disait juste ce qu'il fallait dire, ni plus, ni moins, quand il le fallait et comme il le fallait. Bref, il parlait peu, mais il parlait bien. Là encore, quel exemple pour notre siècle où l'on parle tant ! [ … ]
Le silence de st Joseph n'était pas seulement un silence de réserve et de prudence ; c'était aussi un silence de recueillement et d'union à Dieu. Ayant constamment sous les yeux l'exemple de la sainteté la plus éminente, des vertus les plus sublimes, st Joseph, comme Marie, conservait dans son cœur le souvenir de toutes ces merveilles (Luc, II, 51). En les admirant et en les méditant, il concevait un amour toujours plus grand pour Jésus et Marie. « C'est le silence qui commence les saints, a écrit un pieux auteur ; c'est lui qui les continue ; c'est lui qui les achève. »
Je vous souhaite de mettre du silence dans votre vie, un silence qui ressemble à celui de st Joseph, le silence de la prière, celui des lectures saintes, de la méditation, de la messe et de l'Eucharistie - ces bienfaisants silences pendant lesquels l'âme découvre Dieu, parce que Dieu, qui n'aime pas le bruit, révèle ses splendeurs aux âmes qui le cherchent, loin des affaires du monde, dans le recueillement de l'esprit. (Lettre pastorale de Carême de 1954 sur Joseph)