« Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. » Lc I, 1-4
Dans le Missel Romain, les évangiles selon saint Mathieu, Marc et Luc sont répartis sur 3 années. Cette année, c’est par St Luc que le Seigneur entend s’adresser à nous et fortifier notre foi.
Né à Antioche de Syrie d’une famille grecque, saint Luc est un médecin qui, rencontrant saint Paul, se convertit et se mit à le suivre.
Pour rédiger son évangile avant l’an 70, l’évangéliste se renseigna auprès des différentes traditions orales, mais aussi, selon toute vraisemblance, auprès de la Très Sainte Vierge Marie. D’où tout ce qu’il rapporte sur l’Annonciation, la naissance de Jésus et de son cousin Saint Jean Baptiste.
Ayant été compagnon de saint Paul durant ses pérégrinations, il put rédiger également les Actes des Apôtres, précieuse mine de renseignements historiques sur les premières années de l’Église.
Son style littéraire révèle une habileté dans le maniement de la langue grecque avec une plus grande perfection grammaticale que celle des autres évangélistes, un grand souci de situer le cadre historique de certains événements.
Bien sûr, comme tout livre biblique, ses récits furent écrits sous l’inspiration de l’Esprit Saint et n’ont pas été écrits pour satisfaire la simple curiosité des lecteurs, mais pour enseigner l’histoire du salut de l’Incarnation du Christ à la diffusion de l’Évangile parmi les païens. Presque la moitié du contenu de son Évangile est absent des 3 autres évangiles. Outre ce qui concerne l’enfance de Jésus, on y découvre de nombreux épisodes de la vie publique de Notre Seigneur dans le cadre d’un voyage de la Galilée à Jérusalem, quelques paraboles, comme par exemple, celle du fils prodigue, de Lazare et du mauvais riche et le récit de l’apparition de Jésus ressuscité à Emmaüs.
Les écrits de Luc, par leur approche pleine de Miséricorde, s’adressent à l’Église d’aujourd’hui de manière frappante. Médecin attentionné et compatissant, Dante l’appelait le « chantre de la mansuétude du Christ ».
Ainsi, il met en valeur la bonté du Seigneur en évoquant la pécheresse qu’on voulut lapider ou le bon larron, sans oublier les paraboles dites de la Miséricorde avec la brebis perdue ou encore celle du Bon Samaritain.
Les « femmes » et les « veuves » apparaissent chez Luc 4 fois plus que chez les autres évangélistes. Mais, celle qui tient une place particulière est Notre Dame, la « bénie entre toutes les femmes » (Lc 1, 42).
Saint Luc insiste aussi beaucoup sur les foules qui suivent Jésus, en plus de ses disciples. La place particulière des Douze est signifiée, entre autres, par le récit de leur appel, surtout Simon, en Lc 5, 1-11 (avec la pêche miraculeuse, propre à Luc et reprise en Jn 21). Les Actes des Apôtres nous rapportent leur mission d’Évangélisateurs ayant reçu l’Esprit Saint à la Pentecôte.
Saint Luc accorde aussi une place importante à la vie de prière de Jésus, rapportant par exemple, qu’Il prie son Père à chaque étape importante de sa mission et qu’il invite ses disciples à le suivre dans cette démarche, avec insistance.
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La tradition rapporte que, parvenu à la fin de sa vie, st Luc peignit le portrait de Marie. St André de Crète et st Germain patriarche de Constantinople parlent en effet d'une icône de la Vierge peinte par st Luc et envoyée à Théophile dont parlent les prologues de l'Évangile de saint Luc et des Actes des Apôtres. Cette icône, cachée dans une maison particulière durant les persécutions, aurait été transportée dans une église au IVème siècle. En 590, le Pape St Grégoire le Grand transporta en procession solennelle cette vénérable icône de la Mère de Dieu "qu'on dit être l'œuvre de saint Luc" selon les propos du pape lui-même.
Grands épisodes exclusivement chez Luc :
Lc 1 et 2 : les évangiles de l’enfance.
Lc 5,1-11 : la pêche miraculeuse et la vocation de Simon
Lc 7,11-17 : la résurrection du fils de la veuve de Naïn, après la foi du centurion de Capharnaüm
Lc 7, 36-50 : la femme au parfum
Lc 8,1-3 : les femmes qui suivent Jésus
Lc 10, 29-42 : le « bon » samaritain, Marthe et Marie
Lc 14, 7-14 : prendre la dernière place et inviter les pauvres
Lc 15 : les paraboles de la miséricorde
Lc 19,1-10 : Zachée, après l’aveugle de Jéricho
Lc 19,41-44 : Jésus pleure sur Jérusalem
Lc 23,39-43 : le bon larron
Lc 24,13-35 : les pèlerins d’Emmaüs
Des passages présentés chez St Marc relus et réécrits par St Luc :
La prédication à Nazareth avec la citation d’Isaïe;
La parole de Jésus sur la croix (Ps 29/30).
Des passages parallèles mais différents par rapport à St Matthieu :
La généalogie de Jésus, placée entre le baptême et les Tentations au désert ;
Les béatitudes ;
Le discours dans la plaine.