NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION

NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION

PAROISSE de BOUGIVAL


Réflexions du « Pape émérite » Benoît XVI sur St Joseph (21 avril 2021)

Publié par Paroisse Bougival sur 19 Décembre 2022, 18:54pm

Catégories : #Enseignement

Réflexions du « Pape émérite » Benoît XVI sur St Joseph (21 avril 2021)

Le silence de St Joseph. Correspondance entre mission et action. (Ces titres sont de la rédaction)
L’histoire de saint Joseph dans le Nouveau Testament ne rapporte aucune parole qu’il ait prononcée. Mais il y a une correspondance entre la mission confiée par l’ange qui lui apparaît en songe et l’action de saint Joseph qui porte à l’évidence la marque caractéristique de sa personnalité. Dans le récit qui rapporte l’ordre donné en songe de prendre Marie pour épouse, sa réponse est donnée simplement en une unique expression : « Joseph se leva et fit comme l’Ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Cette correspondance entre mission et action apparaît encore plus nettement dans l’histoire de la fuite en Égypte où les mêmes mots sont utilisés : « Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère » (Mt 2, 14). Les deux mêmes termes sont utilisés une 3ème fois à l’annonce de la mort d’Hérode et de la possibilité de retourner en Terre Sainte. Les deux termes, qui caractérisent st Joseph, se suivent immédiatement l’un l’autre : « Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère » (Mt 2, 21). L’annonce nocturne du danger que représentait Archélaus n’a pas la même autorité que les informations précédentes.
La réponse que Joseph y donne par son action est exprimée beaucoup plus simplement : « Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée »
(Mt 2, 22). Finalement, cette même attitude fondamentale apparaît d’une tout autre manière dans le récit de l’adoration des mages venus d’Orient : « En entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère » (Mt 2, 11). Saint Joseph n’apparaît pas dans la rencontre entre les mages et l’enfant Jésus. Cette manière silencieuse de ne pas se montrer est elle aussi caractéristique et montre très clairement qu’en fondant la Sainte Famille, il a assumé un service qui requérait de lui, à un très haut degré, esprit de décision et capacité d’organisation, mais qui exigeait en même temps un très haut degré de renoncement. Son silence est aussi sa parole. Il exprime le « oui » à cet engagement qu’il a assumé par sa relation avec Marie et donc avec Jésus. 
Le village de Nazareth a-t-il existé ?
Je dois d’abord préciser que, lors des visites de la Terre Sainte que j’ai pu faire, saint Joseph apparaît à peine. Il est normal qu’il ne soit pas nommé dans les hauts lieux de la vie publique de Jésus en Galilée, surtout le lac de Génésareth et ses environs, ou en Judée. Cela serait en contradiction avec son attitude fondamentale d’obéissance silencieuse et de retrait. Mais à Nazareth et à Bethléem on pourrait imaginer un mot sur saint Joseph. Nazareth surtout renvoie à sa figure. Mais c’est un endroit qui, sauf dans le Nouveau Testament, n’est mentionné nulle part dans l’Écriture. Cette absence totale de traditions liées à Nazareth hors du Nouveau Testament est tellement impressionnante que Pierre Benoit, un des plus grands exégètes, qui fut longtemps président de l’École Biblique des Dominicains en Terre Sainte, m’a confié qu’il était finalement parvenu à la certitude que Nazareth n’a jamais existé. Or juste à temps avant qu’il pût publier cette prétendue conclusion parvinrent les nouvelles de fouilles fructueuses à Nazareth, qui nous ont fait retrouver ce lieu. Le directeur de la fouille franciscaine a, de son côté, avoué que, au vu des longs et vains efforts pour retrouver des traces de l’antique Nazareth, il avait été près de jeter l’éponge. Il n’en était que plus heureux d’avoir redécouvert les premières traces et finalement la ville tout entière.
Jésus, descendant de David par St Joseph ? 
La souche de Jessé, l’ancêtre fondateur de la dynastie de David, qui avait reçu la promesse d’une existence éternelle, renvoie, pour les israélites croyants, à la contradiction insupportable entre la promesse et la réalité : la dynastie de David s’est éteinte et il n’en a subsisté qu’une souche morte. Mais précisément cette souche morte devient un signe d’espérance : c’est d’elle que, d’une manière totalement inattendue, surgit à nouveau une pousse. Ce paradoxe est exposé, dans l’arbre généalogique de Jésus, chez Matthieu
(1, 1-17) et chez Luc (3, 23-28) comme une réalité vivante et, pour les évangélistes, contient en soi-même une allusion silencieuse à la naissance de Jésus de la Vierge Marie. Joseph, il est vrai, n’est pas le père biologique de Jésus, mais il est son père selon le droit et selon la loi qui est constitutive d’Israël. Ici, le mystère du surgeon s’approfondit encore : de la souche de Jessé proprement dite ne provient plus de vie ; la souche est bien morte. Et pourtant elle apporte une vie nouvelle dans le fils de la Vierge Marie, dont Joseph est le père légal.


Tout cela est lié au thème de Nazareth dans la mesure où le mot Nazareth semble contenir en lui le mot nezer, naser (« surgeon, pousse, rejeton »).

Le nom Nazareth pourrait justement donc être traduit par « village surgeon ». Un savant allemand qui a vécu toute sa vie en Israël a construit cette théorie : Nazareth serait né après l’exil à Babylone comme un établissement de la tribu des Davidiens et cela serait indiqué, de manière voilée, dans son nom. Quoi qu’il en soit : le mystère de saint Joseph est intimement lié au village de Nazareth. C’est lui qui est le surgeon de la racine de Jessé qui exprime l’espérance d’Israël.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article