NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION

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PAROISSE de BOUGIVAL


La Pentecôte clunisienne représentée sur le tympan de la Basilique de Vézelay

Publié par Paroisse Bougival sur 9 Juin 2025, 13:08pm

La Pentecôte clunisienne  représentée sur le tympan de la Basilique de Vézelay

Commentaire publié sur le site de la paroisse de Puteaux

Les rayons de l’Esprit-Saint, émanant des longues mains du Christ en gloire, descendent sur les apôtres réunis autour de lui, les appelant à leur mission universelle. « Allez donc de toutes les nations ! Faites des disciples, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt. XVIII,14-20). Le délicat drapé des tuniques des apôtres et du Christ agitées par le vent orageux de l’Esprit, forme des spirales caractéristiques de l’art de Vézelay. Tout s’articule autour du Christ, maître du temps : réunis à ses côtés, les 12 apôtres, Bible ouverte ou fermée à la main, en proie à une effervescence contenue, prêts à agir ; puis sur les voussures se trouvent les peuples, le cosmos avec les 12 signes zodiacaux, et le temps avec les 12 mois de l’année.

La frise processionnelle du linteau évoque la multitude des peuples à évangéliser. « ..Parthes Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce… » (Ac II ,5-8.11). Pour les reconnaître, quelques pistes : la coiffe des Juifs, le bonnet des Phrygiens, les chaussures à semelle haute des Arméniens.

Mais apparaissent également des êtres légendaires à tête de chien ou des êtres aux oreilles immenses issus des textes de Pline ou d’Isidore de Séville !

Beaucoup d’infirmités sont représentées qui nous renvoient à la parole du Christ à Jean-Baptiste « les aveugles voient, les boiteux marchent…les sourds entendent » (Lc VII,21). » D’autres handicaps plus spirituels figurent : il y a ceux qui « résistent » à la parole divine, comme le roi Jéroboam privé de sa main droite pour avoir refusé de stopper les sacrifices (R XIII ,4), un Juif tenant sa Torah, ou des possédés. S’agissait-il de répertorier les peuples ? ou simplement montrer l’impact de la Résurrection du Christ sur toute la Création et les bienfaits de l’évangélisation ?

On peut lire le commentaire suivant du Cardinal Journet : 


« Dans le demi-cercle du tympan, un Christ gigantesque apparaît. De ses mains ouvertes s’échappent de longs rayons qui viennent frapper les apôtres assis à ses côtés : c’est la descente du Saint Esprit le jour de la Pentecôte. Il a paru singulier de voir les raies de feu partir du Christ lui-même, et non de la colombe symbolique, comme ce sera plus tard dans la tradition, et l’on s’est demandé s’il s’agissait bien réellement de la descente du Saint-Esprit. Aucune hésitation pourtant n’est possible, car, au XIIème siècle la scène a été plusieurs fois figurée de la sorte. Une fresque de la chapelle saint Gilles de Montoire, dans la vallée du Loir, nous montre une représentation de la Pentecôte pareille à celle du portail de Vézelay : le Christ est assis dans une grande auréole, et de ses doigts s’échappent des torrents de feu qui tombent sur le front des apôtres. Mais il est un exemple plus significatif encore. Au commencement du XIIème siècle, il y avait à l’abbaye de Cluny, l’abbaye-mère de Vézelay, un lectionnaire orné de miniatures où la Pentecôte est représentée. Ce manuscrit est aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale. Or la descente du Saint Esprit y est conçu comme à Vézelay : le Christ dans une auréole, les deux bras ouverts, envoie de ses deux mains des rayons de feu sur la tête des apôtres, et il dit : « voici que j’enverrai sur vous l’Esprit de mon Père ». Ainsi au 12ème siècle, on représentait volontiers le Christ lui-même envoyant son Saint Esprit sur les apôtres.

Chez Hugues de saint Victor, mort une dizaine d’années avant l’achèvement du portail on peut lire : « De même que l’esprit de l’homme, par le moyen de la tête, descend à ses membres pour les vivifier, ainsi l’Esprit Saint, par le Christ, vient aux chrétiens. La tête c’est le Christ ; les membres ce sont les chrétiens. La tête est unique, les membres sont nombreux. La tête et les membres font un seul corps, dans lequel il n’y a qu’un seul esprit. »

La pentecôte clunisienne nous est donc représentée comme une effusion de grâce sortant de la Trinité, passant à travers le Christ de gloire pour venir toucher les apôtres et se communiquer par eux à toutes les tribus, même aux plus infortunées, rejetées « aux limites de l’animalité », afin de les mettre en contact immédiat avec les 3 personnes divines, qui feront en elles leur habitation. L’âge de l’effusion de l’Esprit coïncide donc avec l’entrée du Christ dans la gloire et avec l’institution de la hiérarchie.

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