C’est une tenture ou un parement d’étoffe qui couvre les quatre faces de l’autel, ou au moins sa partie antérieure. Le terme d’antependium a pour étymologie latine : ante & pendeo, suspendre devant.
On le désigne parfois sous d’autres noms, dont le plus primitif est sans doute pallium altaris (voile d’autel).
ORIGINE – Les Romains étendaient sur leurs tables des étoffes précieuses (mappa) avec ornements tissés ou brochés et de couleur brillante. Dès les origines, les chrétiens firent de même pour leurs autels.
HISTOIRE – Palladius, qui écrivait vers 421, mentionne quelques dames romaines qui, renonçant au monde, avaient légué leurs soies pour faire des revêtements d’autel. Au VIème siècle, le pallium ou vestis altaris était d’un usage général à Rome et dans l’Empire. Sur ce premier revêtement de soie et d’étoffes précieuses, les diacres étendaient des nappes de lin blanches pour la célébration des saints mystères.
Le Liber Pontificalis témoigne que, durant les VIIIème et IXème siècles, des riches revêtements d’autel en fil d’or et ornés de bijoux, de perles, de broderies avec des figures de notre Seigneur, de la Bienheureuse Vierge Marie et des apôtres ont été fréquemment donnés aux grandes basiliques romaines par les papes successifs.
Aux VIIIème-IXème siècles, on se mit à réaliser des antependia en or ou en argent, dont les motifs imitent les riches tentures employées jusqu’alors. L’exemple le plus fameux est celui de l’autel majeur de la basilique de Saint-Ambroise à Milan.
Les rites orientaux connaissent un usage similaire de notre antependium, preuve supplémentaire de son antiquité.
SYMBOLIQUE – Dans l’esprit de la liturgie, l’autel représente le Christ, c’est à ce titre qu’il reçoit les marques d’honneur de la liturgie que sont par exemple l’encensement et le baiser.
Dans le rite de l’ordination des sous-diacres (forme extraordinaire du rite romain), lors de la monition aux candidats, l’évêque les avertit que « les étoffes et les corporaux de l’autel [qui représente le Christ] sont les membres du Christ, peuple fidèle de Dieu, avec lequel, comme avec des vêtements coûteux, le Seigneur est vêtu, selon le Psalmiste : « Le Seigneur règne, vêtu de majesté ».
Cette symbolique très forte associe donc l’étoffe précieuse de l’antependium à l’Eglise, l’Epouse du Christ. L’épouse se pare des couleurs liturgiques diverses pour magnifier les fêtes et les temps qui l’unissent à son Epoux.
Ci-dessous : autel de Saint-Pierre de Rome (les riches antependia de Saint-Pierre ont traditionnellement été offerts pour des cérémonies de canonisation dans le passé)
L´autel, où le sacrifice de la croix est rendu présent sous les signes sacramentels, est aussi la table du Seigneur à laquelle, dans la messe, le peuple de Dieu est invité à participer; il est aussi le centre de l´action de grâce qui s´accomplit pleinement par l´Eucharistie. (Présentation générale du Missel Romain)
La communauté des fidèles a le droit d’obtenir ... que l’autel, les ornements et les linges sacrés resplendissent toujours de dignité, de beauté et de propreté, selon les normes. (Redemtionis Sacramentum25/05/2004)