NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION

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PAROISSE de BOUGIVAL


Grâces de la nuit de Noël

Publié par Paroisse Bougival sur 22 Décembre 2024, 17:21pm

Catégories : #Enseignement

Grâces de la nuit de Noël

Notre président a évoqué lors de l’ouverture de la cathédrale « Claudel, ployé au pied d’un pilier, revenu à l’espérance, un soir de décembre 1886. » … Or ce ne fut pas n’importe quel soir de ce mois !

En voici le récit par le « converti » de Noël lui-même…

 

Récit de la conversion de Paul CLAUDEL 
        une nuit de Noël

J'avais complètement oublié la religion et j'étais à son égard d'une ignorance de sauvage. La première lueur de vérité me fut donnée par la rencontre des livres d'un grand poète, à qui je dois une éternelle reconnaissance, et qui a eu dans la formation de ma pensée une part prépondérante, Arthur Rimbaud. La lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d' Une saison en enfer , fut pour moi un événement capital. Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel. Mais mon état habituel d'asphyxie et de désespoir restait le même.

Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. Je commençais alors à écrire et il me semblait que dans les cérémonies catholiques, considérées avec un dilettantisme supérieur, je trouverais un excitant approprié et la matière de quelques exercices décadents. C'est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j'assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand'messe. Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise en robes blanches et les élèves du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient, étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J'étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l'entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c'est alors que se produisit l'événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d'une telle force d'adhésion, d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante, d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J'avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l'innocence, l'éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable. Œuvres en Prose , Gallimard, La Pléiade, pp.1009-1010.

La Vierge à midi   (de PAUL CLAUDEL)
"Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là
Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, 
mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée
 en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier 
et dans son épanouissement final,
Telle qu'elle est sortie de Dieu 
au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement 
parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, 
et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme,
 l'Eden de l'ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup 
et fait jaillir les larmes accumulées.
Parce qu'il est midi, 
parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
Parce que vous êtes là pour toujours,
Simplement parce que vous êtes Marie,
Simplement parce que vous existez, 
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !" 


 

De l’Histoire des Francs par Grégoire de Tours : 
La nuit de Noël 496 à Reims ...

La reine Clotilde manda en secret saint Remi, évêque de Reims, le priant de faire pénétrer dans le cœur du roi la parole du salut. Le pontife, ayant fait venir Clovis, commença à l’engager secrètement à croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et à abandonner ses idoles qui n’étaient d’aucun secours, ni pour elles-mêmes, ni pour les autres. Clovis lui dit : Très saint père, je t’écouterai volontiers ; mais il reste une chose, c’est que le peuple qui m’obéit ne veut pas abandonner ses dieux ; j’irai à eux et je leur parlerai d’après tes paroles. Lorsqu’il eut assemblé ses sujets, avant qu’il eût parlé, et par l’intervention de la puissance de Dieu, tout le peuple s’écria unanimement : Pieux roi, nous rejetons les dieux mortels, et nous sommes prêts à obéir au Dieu immortel que prêche saint Remi. On apporta cette nouvelle à l’évêque qui, transporté d’une grande joie, ordonna de préparer les fonts sacrés. On couvre de tapisseries peintes les portiques intérieurs de l’église, on les orne de voiles blancs ; on dispose les fonts baptismaux ; on répand des parfums, les cierges brillent de clarté, tout le temple est embaumé d’une odeur divine, et Dieu fit descendre sur les assistants une si grande grâce qu’ils se croyaient transportés au milieu des parfums du Paradis. Le roi pria le pontife de le baptiser le premier. 
Le nouveau Constantin s’avance vers le baptistère, pour s’y faire guérir de la vieille lèpre qui le souillait, et laver dans une eau nouvelle les tâches hideuses de sa vie passée. Comme il s’avançait vers le baptême, le saint de Dieu lui dit de sa bouche éloquente : Sicambre, abaisse humblement ton cou : adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. Saint Remi était un évêque d’une grande science, et livré surtout à l’étude de la rhétorique ; il était si célèbre par sa sainteté qu’on égalait ses vertus à celles de saint Sylvestre. Nous avons un livre de sa vie où il est dit qu’il ressuscita un mort.
Le roi, ayant donc reconnu la toute-puissance de Dieu dans la Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et oint du saint chrême avec le signe de la croix ; plus de trois mille hommes de son armée furent baptisés. 
Lors de la messe annuelle pour la France célébrée à Rome depuis Henri IV, le Cardinal Vallini déclara : Nous confions au Seigneur votre patrie, en lui demandant que la France, « fille aînée de l'Église », puisse conserver la foi chrétienne qu'elle a reçue au cours des siècles du témoignage héroïque de tant d'hommes et de femmes, et qu'elle puisse la transmettre aux nouvelles générations, afin que l'Europe reste fidèle à ses origines et continue à être un phare de civilisation pour le développement intégral de toute personne humaine."

 

La nuit de Noël 1856, le père Chevrier médite devant la crèche. « Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous. » Prêtre en paroisse depuis six ans, déjà zélé, il est bouleversé ce soir-là. « C'est le mystère de l’Incarnation qui m'a converti ... je me disais : le Fils de Dieu est descendu sur la terre pour sauver les hommes et convertir les pécheurs (. . .) Alors je me suis décidé à suivre Notre Seigneur Jésus-Christ de plus près. » De si près qu'il sera béatifié au terme de sa vie de fondateur du Prado, cet ordre qui, disait-il, est « né à la crèche. » 

 

Thérèse Martin était une enfant nerveuse et hypersensible. Pour des riens, ses larmes coulaient à flots. Or voilà que la nuit de Noël 1886, elle entendit son père, fatigué, soupirer, devant le sapin où elle dispose ses souliers avec une joie enfantine : « Heureusement que c'est la dernière fois. » Mais Thérèse, âgée de treize ans, pense à l'Enfant Jésus et fait bonne figure et le seigneur lui accorde une grâce qui l’irradie : « En cette nuit bénie, Jésus changea la nuit de mon âme en torrents de lumière. En se rendant faible et petit pour mon amour, Il me rendit forte et courageuse ; Il me revêtit de ses armes, et depuis je marchai de victoire en victoire. » 
Pourquoi cet effort d'enfant fut-il si déterminant ? C'est que Thérèse trouva en cette nuit la joie de s'oublier, la force de sortir de l'infantilisme. « La charité entra dans mon cœur avec le besoin de m'oublier toujours, et depuis lors je fus heureuse. »
Voici donc une deuxième prière que nous pourrons faire devant la crèche, dans quelques jours : demander ou re-demander la force d’âme, la maturité humaine et/ou spirituelle ou telle ou telle vertu dont nous manquons : « Le bon Dieu ne refuse jamais cette première grâce qui donne le courage d'agir. » 

 

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