Conseiller ceux qui sont dans le doute (Extrait du livre du P.Vidal « soyez miséricordieux » Editions le Laurier)
Si notre Seigneur saura gré aux bienheureux d'avoir eu le souci des besoins matériels des « tout petits », à combien plus forte raison ne le fera-t-il pas si nous nous occupons, avec plus de sollicitude encore, de leurs besoins spirituels, N'a-t-il pas dit, noir sur blanc, au Sermon sur la montagne : « Ne vous inquiétez pas pour votre âme de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez, L'âme n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement » (Mt 6, 25) ? C'est pourquoi, faisant suite aux sept œuvres de miséricorde corporelles, l'Église en dénombre sept autres qu'elle qualifie de « spirituelles », car ayant pour objet la partie la plus élevée de la personne humaine, son esprit, c'est-à-dire son âme et ses opérations essentielles,
En examinant de près les paraboles du Seigneur, nous voyons bien que certains de leurs personnages ont été en proie à de sérieux doutes: et tout aussi clairement que d'autres auraient gagné à être bien conseillés au moment de faire un choix décisif. Car celui qu'ils ont fait n'était pas le bon. Comme le fils prodigue qui, ayant réclamé et obtenu sa part de fortune, est parti pour « un pays lointain », où il a dilapidé ses biens en menant une vie de désordre (cf., Lc 15, 13) Que se serait-il passé si, avant de prendre sa décision, il avait cherché un bon conseil, surtout auprès de son Père? Ou encore l'intendant infidèle, licencié en raison de sa gestion malhonnête, qui se demandait: « Que ferai-je, puisque mon maître me retire l'intendance ? Bêcher, je n'en ai pas la force; mendier, j'en ai honte» (Lc 16, 3), S'il s'est ensuite montré actif, ce en quoi il a mérité l'éloge de son maître, c'était pour investir ses énergies dans de nouvelles tricheries, tout à fait inacceptables. Encore un mauvais choix.
Assurément, il n'est pas nécessaire de trop insister sur les côtés les plus pénibles de nos doutes, quels qu'ils soient, surtout pour les questions les plus importantes de notre vie, tant cela semble évident pour tous. Curieusement, notre éventuelle indécision reste foncièrement liée à l'un des plus grands dons que Dieu nous ait faits, celui de la liberté. C'est bien parce que plusieurs possibilités s'offrent à nous que nous pouvons douter sur la meilleure option à retenir. Le problème est que cette indécision pourrait aller jusqu'à nous paralyser et nous empêcher d'agir, alors que la plupart du temps l'inaction est la pire des solutions,
C'est dans ce contexte qu'intervient la première œuvre de miséricorde spirituelle, dont nous comprenons maintenant un peu mieux le bien fondé et l'opportunité. Conseiller, éclairer, orienter, mais aussi encourager, insuffler de l'optimisme et, plus encore, une dose d'espérance. Toujours pour aider quelqu'un à sortir d'une attitude un peu trop attentiste, alourdie sans doute de notre inertie proverbiale. Est-il possible de trouver un meilleur moyen de l'aider dans ses doutes et son indécision que de l'éclairer sur l'importance d'agir dans les meilleurs délais, tout comme sur la meilleure décision à prendre? Sans oublier à ce propos que, faute d'en trouver une qui soit parfaite, nous en sommes souvent réduits à retenir la solution la « moins mauvaise ». Que devons-nous donc faire pour nous acquitter de nos devoirs?
• Comme d'habitude, commençons par la prière. Dès que nous apprenons que quelqu'un parmi nos proches doit faire un choix important et qu'il a des difficultés à prendre son parti, eh bien, prions ! Vous ne trouverez pas de messe votive pour aider le prochain qui hésite, mais il en existe une, aux contours plus larges, célébrée « Pour nos proches et nos amis », dont les bienfaits iront certainement bien au-delà des doutes pouvant les inquiéter. La prière collecte fait monter vers le ciel cette demande: « Dieu qui as donné ton Esprit d'amour à chacun de tes fidèles, accorde la santé de l'âme et du corps à ceux pour qui nous te prions: Qu'ils arrivent à t'aimer de toutes leurs forces pour accomplir de tout leur cœur ce que tu veux », Voilà l'essentiel et l'élément clé pour sortir d'un doute: « faire ce que Dieu veut », c'est-à-dire selon la formulation la plus traditionnelle, « accomplir la Volonté de Dieu ». Remarquons une fois de plus l'unité de notre foi catholique. En récitant le « Notre Père », nous disons « que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Ce sera peut-être le moment de penser à telle ou telle personne confrontée à un choix difficile,
Il existe un don du Saint-Esprit, appelé précisément « don de conseil », Le saint-père le présentait dans sa catéchèse du 7 mai 2014 : « Dans la lecture de ce passage du livre des Psaumes, nous avons entendu ceci : ''je bénis le Seigneur qui me conseille: même la nuit mon cœur m'avertit" (Ps 16,7), Et c'est un autre don de l'Esprit-Saint: le don de conseil. Nous savons combien il est important, surtout dans les moments plus délicats, de pouvoir compter sur les suggestions de personnes sages et qui nous aiment. Maintenant, à travers le don de conseil, c'est Dieu lui-même, par son Esprit, qui éclaire notre cœur en nous faisant comprendre la manière juste de parler et de nous comporter et la voie à suivre.» Or, au moment d'éclairer les fidèles devant faire un choix, l'Esprit Saint passe souvent par nous les hommes. Il se sert de notre expérience et de notre savoir-faire, de notre affection et de notre intérêt. Aussi devons-nous être en harmonie avec Dieu, si nous voulons être de bon conseil. Car le but n'est pas de donner tel ou tel avis personnel, mais d'orienter celui qui a besoin d'un bon éclairage et de repères sûrs, D'où l'importance, à l'heure de donner nos conseils, d'être animé d'une intention droite et sincère, Le Siracide dit: « Tout conseiller donne des conseils, mais il en est qui conseillent dans leur propre intérêt » (Si 37, 7).
• Pensons concrètement aux personnes auxquelles nous sommes les plus liés par les liens du sang, de l'amitié, du travail et, le plus fort sans doute, de notre foi partagée, c'est-à-dire tous ceux que nous rencontrons le plus souvent dans notre vie quotidienne. Inutile de rappeler que cette remarque concerne spécialement les parents, les enseignants, les pasteurs de l'Église, les cadres qui dirigent le travail des autres et, selon la formule consacrée, tous les hommes de bonne volonté ayant ce genre de devoirs, N'y aurait-il pas parmi nos proches quelqu'un ayant besoin d'un bon conseil, clair et désintéressé, afin de se prendre bien en main et d'assumer à fond ses responsabilités ? Tâchons de prendre connaissance des tenants et des aboutissants de leurs problèmes, essayons d'y réfléchir calmement, en particulier dans nos moments de prière personnelle, et n'hésitons pas à leur faire part de nos conclusions, avec le maximum de délicatesse et d'affection. Le Christ nous en saura gré: « J'étais dans le doute et vous m'avez donné un bon conseil »,
• La Vierge Marie a trouvé la formule parfaite pour se pencher sur les problèmes d'autrui et l'aider à faire le bon choix dans ses orientations essentielles, C'était à Cana, vous en souvenez-vous? : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5)