(Méditation au long des 7 dimanches qui précédent la fête du 19/03)
Lorsqu'arrivèrent les jours de leur purification prévue par la loi de Moïse, Marie et Joseph le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, suivant ce qui est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout mâle 1er-né sera consacré au Seigneur ; et pour offrir en sacrifice, selon la prescription de la Loi du Seigneur, une paire de tourterelles ou 2 petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme nommé Siméon ; c'était un homme juste et pieux, qui attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. L'Esprit Saint lui avait révélé qu'il ne mourrait-pas avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint donc dans le Temple, poussé par l'Esprit. Et lorsque les parents apportèrent le petit enfant Jésus, pour observer les coutumes légales à son égard, lui aussi, il le reçut entre ses bras, et bénit Dieu en disant : « Maintenant, O Maître, tu peux laisser partir ton serviteur en paix selon ta parole ; Puisque mes yeux ont vu ton salut, Que tu as préparé à la face de tous les peuples ; Lumière pour éclairer les nations. Et gloire de ton peuple Israël. » Son père et sa mère étaient dans l'admiration des choses que l'on disait de lui. Et Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère : « Voici que cet enfant est au monde pour la chute et la résurrection d'un grand nombre en Israël, et pour être un signe en butte à la contradiction - et toi-même, un glaive transpercera ton âme - et ainsi seront révélées les pensées cachées dans le cœur d'un grand nombre. »
Glorieux st Joseph, saint très fidèle, à qui furent communiqués les mystères de notre rédemption ; si la prophétie de Siméon te causa une douleur mortelle en t'apprenant ce que Jésus et Marie allaient souffrir, elle te remplit aussi d'une sainte joie, à cause du salut et de la glorieuse résurrection qui s'en suivraient en faveur d'innombrables âmes. Par cette douleur et cette joie, obtiens-nous la grâce de la résurrection glorieuse par les mérites de Jésus et l'intercession de la Vierge notre Mère. Pater, Ave, Gloria.
V/ Prie pour nous, saint Joseph.
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prière : Ô Dieu, qui, dans ta Providence ineffable, as choisi le bienheureux Joseph pour époux de ta sainte Mère, fais que nous méritions d'avoir pour intercesseur dans le ciel celui que nous vénérons sur la terre comme notre protecteur. Nous t'en supplions, Seigneur, qui vis dans les siècles des siècles. Amen.
Considérations de saint Jean-Paul II
En se rendant à Bethléem pour le recensement, conformément aux ordres de l'autorité légitime, Joseph accomplit à l'égard de l'enfant, la tâche importante et significative d'inscrire officiellement le nom de « Jésus, fils de Joseph de Nazareth » à l'état civil de l'empire. Cette inscription manifeste clairement l'appartenance de Jésus au genre humain, comme homme parmi les hommes, citoyen de ce monde, sujet de la loi et des institutions civiles, mais aussi « sauveur du monde ». Origène décrit bien la signification théologique inhérente à ce fait historique, qui est loin d'être marginal : « À quoi me sert ce récit qui raconte à la fois « le 1er recensement » de l'univers entier au temps de l'empereur César Auguste, le voyage de « Joseph, accompagné de Marie son épouse enceinte », allant, au milieu de tout le monde se faire inscrire lui aussi sur les listes du cens et la venue au monde de Jésus, avant la fin du recensement ? Pour qui y regarde de plus près, ces événements sont le signe d'un mystère : il a fallu que le Christ aussi fût recensé dans ce dénombrement de l'univers, parce qu'il voulait être inscrit avec tous pour sanctifier tous les hommes, et être mentionné sur le registre avec le monde entier pour offrir à l'univers de vivre en communion avec lui ; il voulait, après ce recensement, recenser tous les hommes avec lui sur « le livre des vivants », et tous ceux qui auront cru en lui, les « inscrire dans les cieux » avec les saints de Celui « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen ».
Dépositaire du mystère « caché depuis les siècles en Dieu » et qui commence à se réaliser à ses yeux lorsque vient « la plénitude du temps », Joseph est avec Marie, en la nuit de Bethléem, le témoin privilégié de la venue au monde du Fils de Dieu. Ainsi s'exprime st Luc : « Or il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter. Elle enfanta son fils 1er-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle ». Joseph fut le témoin oculaire de cette naissance, survenue dans des conditions humainement humiliantes, 1ère annonce du « dépouillement » auquel le Christ consent librement pour la rémission des péchés. En même temps, il fut le témoin de l'adoration des bergers, arrivés sur le lieu de la naissance de Jésus après que l'ange leur eut porté cette grande et heureuse nouvelle ; plus tard, il fut aussi le témoin de l'hommage rendu par les Mages venus de l'Orient.
La circoncision d'un fils était le 1er devoir religieux du père : par ce rite, Joseph exerce son droit et son devoir à l'égard de Jésus. Le principe selon lequel tous les rites de l'A. Testament ne sont que l'ombre de la réalité fait comprendre pourquoi Jésus les accepte. Comme pour les autres rites, celui de la circoncision trouve en Jésus son « accomplissement ». L'alliance de Dieu avec Abraham, dont la circoncision était le signe, atteint en Jésus son plein effet et sa réalisation parfaite, car Jésus est le « oui » de toutes les anciennes promesses.
À l'occasion de la circoncision, Joseph donne à l'enfant le nom de Jésus. Ce nom est le seul nom dans lequel se trouve le salut ; et sa signification avait été révélée à Joseph au moment de son « annonciation » : « Tu lui donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera le peuple de ses péchés ». En lui donnant son nom, Joseph manifeste sa paternité légale à l'égard de Jésus et, en prononçant ce nom, il proclame la mission de sauveur qui est celle de l'enfant. Ce rite, rapporté par Luc, comprend le rachat du 1er-né et éclaire le futur épisode de Jésus resté au Temple à l'âge de 12 ans.
Le rachat du 1er-né est un autre devoir du père, que Joseph accomplit. Le 1er-né représentait le peuple de l'Alliance, racheté de l'esclavage pour appartenir à Dieu. Sur ce plan aussi, non seulement Jésus, qui est le véritable « prix » du rachat, « accomplit » le rite de l 'A. Testament, mais il le dépasse en même temps ; en effet, il n'est pas un sujet de rachat mais l'auteur même du rachat.
L'évangéliste note que « son père et sa mère étaient dans l'étonnement de ce qui se disait de lui », et en particulier de ce que dit Siméon dans son cantique adressé à Dieu, où il présente Jésus comme le « salut préparé par Dieu à la face de tous les peuples », « lumière pour éclairer les nations et gloire de son peuple Israël », et aussi, un peu plus loin, « signe en butte à la contradiction ».
Joseph est, avec Marie, le 1er dépositaire de ce mystère divin. En même temps que Marie - et aussi en rapport avec Marie - il participe à la phase culminante de cette révélation que Dieu a faite de lui-même dans le Christ. (Redemptoris custos, n. 10-13)