Les Œuvres de Miséricorde [suite !!!] : 5ème œuvre de Miséricorde :
Assister, visiter les malades. (Extrait du livre du P.Vidal « soyez miséricordieux » Editions le Laurier)
Dans son discours sur le Jugement dernier, pour évoquer une nouvelle œuvre de miséricorde parmi celles que les bienheureux auront accomplies, le Seigneur a certainement adopté un ton ému et attendri en s'exclamant: « J'étais malade et vous m'avez visité ! » (Mt 25, 36). En effet, les Évangiles nous font souvent remarquer que son cœur plein de bonté éprouvait un faible particulier pour tous les malades rencontrés sur sa route. Dès lors, quoi de plus logique que pour faire allusion aux « tout petits », les « pauvres du Seigneur » selon l'expression biblique, auxquels il se sentait spécialement identifié, il ait réservée une place de choix à tous ceux qui sont confrontés à la maladie ?
Plusieurs siècles plus tôt, Isaïe l'avait déjà annoncé dans ses prophéties sur le Messie, en le présentant sous les traits du Serviteur souffrant: « Ce sont nos souffrances qu’II portait et nos douleurs dont il était chargé» (Is 53, 4). Et lorsque les temps ont atteint leur plénitude, à un groupe de disciples de Jean le Précurseur venus l'interroger pour savoir s'il était bien le Messie attendu, il mettra en avant son souci des malades et les guérisons opérées comme signe de son arrivée: « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres» (Mt 11,4-5).
Ainsi une évidence s'impose-t-elle aux lecteurs de l'Évangile, à savoir qu'un bon nombre de miracles ont eu pour objet la guérison d'une maladie, la délivrance d'un mal physique rendant pénible la vie de quelqu'un. Il suffirait d'évoquer le paralytique de Capharnaüm, l'hémorroïsse, la femme courbée, l'aveugle-né, le sourd-muet et bien d'autres, s'il était besoin de s'en convaincre. Sans oublier ce verset de saint Matthieu, résumé plus éloquent que tous les discours: « Et Jésus parcourait toutes les villes et les bourgades, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l'Evangile du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité» (Mt 9, 35). Dans ces conditions, l'énoncé de la cinquième œuvre de miséricorde corporelle peut-il nous surprendre? N'est-il pas suffisamment clair que, en bon disciple du Maître, un chrétien est tenu d' « assister les malades» ?
Tout cela est on ne peut plus logique et cohérent. La maladie, quelle qu'en soit l'origine et la nature, traduit une défaillance de notre organisme et reste de ce fait liée à la mort. Or, comme saint Paul l'affirme dans l'épître aux Romains (cf. Rm 5, 12), la mort est entrée dans le monde par le péché et notre foi précise bien que Jésus-Christ est l'unique Sauveur, celui par qui le salut nous est offert. S'il n'a pas guéri, tant s'en faut, toutes les maladies rencontrées sur son parcours ou celles dont les hommes seront atteints jusqu'à la fin des temps, il n'en a pas moins fait un instrument de rédemption et, par là même, de bonheur. Ce qui, comme nous allons le voir, n'est pas sans conséquences sur la manière d'aborder la maladie et notre devoir d'assister les malades.
Saint Jean Paul Il a établi une Journée mondiale du malade, fixée au 11 février, en la fête de Notre-Dame de Lourdes. À cette date, le saint-père adresse chaque année un message aux chrétiens, portant sur un aspect particulier de la maladie et du soin des malades. Dans celui qui est prévu pour l'année en cours, le pape François nous rappelle que « la maladie, surtout lorsqu'elle est grave, met toujours l'existence humaine à l'épreuve et apporte avec elle des interrogations qui creusent en profondeur. Parfois, le premier moment peut être de révolte : pourquoi est-ce que cela m'est arrivé ? On se sent désemparé, la tentation devient grande de penser que tout est perdu, que désormais rien n'a plus de sens ». Nous avons déjà là de quoi commencer à envisager quelques modalités pratiques pour nous acquitter de ce devoir personnel, à la fois si humain et si chrétien.
- Comme pour les autres œuvres de miséricorde, la première chose à faire est de prier, les intentions de notre prière pouvant être très variées: une bonne santé pour tout le monde, la guérison de tel ou tel malade, la sanctification des malades dans leur maladie, etc. Dans sa liturgie, l'Église a prévu une messe votive « Pour les malades ou les infirmes» dont voici la prière collecte: « Dieu qui veux être la vie de tout homme, Dieu qui n'abandonnes aucun de tes enfants, accorde à nos frères malades la force de lutter pour guérir : Qu'ils découvrent dans leur épreuve combien tu peux être proche d'eux par des frères qui soutiennent leur courage, par l'espérance que tu leur donnes en Jésus-Christ ».
- Il en résulte pour nous l'obligation de « faire entrer» les malades dans nos catégories mentales et dans notre emploi du temps, tout au moins ceux auxquels nous sommes le plus liés par des liens particuliers. Puisque le saint-père insiste sur les « œuvres» de miséricorde et non seulement sur des « sentiments» miséricordieux, à nous de prévoir celles qui peuvent le mieux exprimer nos bonnes dispositions. N'y aurait-il pas parmi nos proches parents, amis, collègues, voire connaissances, des malades à visiter? Surtout des malades chroniques, probablement davantage atteints par leur éventuelle solitude que par la maladie elle-même. Il peut s'agir d'une visite ponctuelle ou, mieux encore, des visites régulières qu'ils attendront certainement avec impatience. « J'étais malade et vous m'avez donné de votre temps et, surtout, votre affection ».
- Outre cette affection, qui devrait se traduire en écoute et en compagnie, nous pouvons sans doute les aider à faire une force de leur maladie, pour le plus grand profit du Corps mystique du Christ tout entier, c'est-à-dire de l'Église. C’est un des conseils les plus appuyés du pape François dans son message: « Dans ces situations, la foi en Dieu est d'une part, mise à l'épreuve et, d'autre part, révèle en même temps toute sa puissance positive. Non parce que la foi fait disparaître la maladie, la douleur ou les problèmes qui en dérivent, mais parce qu'elle offre une clé avec laquelle nous pouvons découvrir le sens le plus profond de ce que nous sommes en train de vivre; une clé qui nous aide a voir que la maladie peut être la voie pour arriver à une proximité plus étroite avec Jésus, qui chemine à nos côtés, chargé de la croix ».
Concluons sur un autre conseil du saint-père qui a structuré son message de cette année autour de l'épisode des Noces de Cana et de l'intervention de la Vierge Marie: «Dans la sollicitude de Marie se reflète la tendresse de Dieu. Cette tendresse même devient présente dans la vie de beaucoup de personnes qui se trouvent aux côtés des malades et savent en comprendre les besoins, même les plus imperceptibles, parce qu'elles regardent avec des yeux pleins d'amour. Que de fois une maman au chevet de son enfant malade ou un enfant qui prend soin d'un parent âgé, ou un petit-fils proche de son grand-père ou de sa grand-mère, dépose sa prière entre les mains de la Vierge !».